Le billet d’actualité durable
NOUVELLES DU FRONT DANS “LES RAPPORTS ENTREPRISES ET SOCIÉTÉ”
Par Patrick d’Humières
Toute l’équipe d’Eco-Learn vous présente ses voeux de durabilité les plus sincères !
NOUS SOMMES RENTRÉS DANS LA DÉCENNIE DU BASCULEMENT
L’Europe pourrait être la zone gagnante de cette transformation ; si ses entreprises suivent l’appel des populations pour un monde plus durable.
Les siècles précédents ont commencé à vingt ans ; celui-ci ne fait pas exception ; ils étaient dominés par les nationalités, puis par les idéologies ; celui-ci se jouera sur la durabilité du modèle planétaire. Saurons-nous stabiliser le climat terrestre ? Allons-nous préserver les équilibres du vivant ? Remettrons-nous les inégalités et la réponse aux besoins de base dans des écarts acceptables ? Voudrons-nous construire des gouvernances publiques et privées légitimes ? La copie est claire ! Mais la génération qui sort n’en tient pas compte et celle qui arrive est mise devant le fait accompli : certains voudraient prolonger « les trente glorieuses » et ce n’est pas possible !
Un scénario probable est une débandade généralisée où nul ne sera à l’abri du délabrement des Etats ou du triomphe des « démocratures » face à des défis naturels et sociaux devenus insurmontables. A moins que prenant la mesure des risques systémiques, Europe et Etats-Unis fassent valoir un nouvel ordre international « durable », à côté d’une Chine et d’une Russie qui poursuivent leur propre affirmation. Nous avons chacun un rôle à jouer pour faire valoir cette « géopolitique de l’espérance », si nous enclenchons une transformation sérieuse des modèles pendant cette décennie critique et entraînons les émergents avec nous dans un rapport solidaire, avec de nouvelles valeurs.
Il n’est qu’une voie de sortie : contribuer à la durabilité de l’ensemble, chacun à son niveau de responsabilité. L’entrepreneur doit penser action collective.
De fait, notre époque se caractérise par un jeu de forces nouvelles qui met les entreprises en position d’acteurs décisifs. C’est le résultat d’une captation de l’Histoire par de grandes organisations mondiales qu’on appelle les firmes internationales ; elles font l’innovation, l’emploi, les revenus, la formation, bref la vie sociale, voire culturelle et géopolitique, partout désormais. Avec une particularité : ces organisations ne rendent des comptes qu’à elles-mêmes ou presque, et déterminent seules leurs objectifs. Elles ne sont pas encore rentrées dans le jeu démocratique. L’autre caractéristique du jeu contemporain est l’affirmation chaotique des sociétés civiles sur des Etats qui se braquent ; on subit une multiplication de balancements entre autoritarisme et populisme que les rares systèmes démocratiques restant ont beaucoup de mal à maîtriser. La fin de l’impérium pétrolier va amplifier ces incertitudes, comme les effets du réchauffement, la gestion des dettes et les attaques de toutes sortes. Bref, quand on gère des milliards d’actifs ou des milliers de personnes en 2021, difficile de se mettre à l’abri des risques sociétaux ou de se retirer du jeu global. Il n’est qu’une voie de sortie : contribuer à la durabilité de l’ensemble, chacun à son niveau de responsabilité. L’entrepreneur doit penser action collective*.
Après l’avoir nié et relativisé, cette évidence est en train de s’imposer, dans la communauté des investisseurs, chez quelques industriels audacieux qui transforment leurs offres (voir programme Eco-Learn « les nouveaux business modèles durables ») ; elle est tirée par une cohorte d’ONG et d’acteurs citoyens qui prennent le leadership de la transformation des régulations et des mentalités. Un nouveau mouvement structurant positif s’est introduit dans le mouvement de déstabilisation générale qu’on devine désormais : celui qui prône des valeurs de sobriété par-dessus les valeurs de surconsommation, les comportements de précaution sur le progrès pour le progrès, les choix partagés sur les décisions imposées et l’attention prioritaire aux droits de tous, ceux de la moitié féminine de la planète et des minorités notamment, à un partage des richesses qui met les biens communs en tête et les solidarités en place. Illich et Marcuse ont gagné : le système « procterien » dit « lessivier » qui a fait la gloire des campus américains est bien derrière nous ; L’Oréal revoit tous ses produits à l’aune de leurs impacts et Unilever consulte ses actionnaires sur sa politique climat. On dit que l’ESG devient « mainstream » dans la finance. Le basculement est bien engagé mais sait-on jusqu’où et est-ce si simple ?
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